voici mes notes prises durant la conférence donnée par Frédéric Obringer et Carole Braeckman, le 18 novembre dernier. C’est en compagnie de mon amie Hélène que nous sommes arrivées à la Maison Folies de Lomme un bel endroit qui accueillait cette semaine là plusieurs artistes et conférenciers d'origine chinoise ou inspirés par la Chine. Une quarantaine de personnes étaient venues écouter Carole Braeckman, consultante Feng-Shui à Lille et Frédéric Obringer, chercheur au CNRS, spécialiste de la Chine. Je dois dire que nous avons beaucoup apprécié les deux intervenants, tout deux très patients et pédagogues face à des questions parfois un peu farfelues (« la couleur de mon pull ça va ? « et l’âme dans tout ça » ?) et une interview qui ne leur laissait pas toujours le temps de déployer leurs réfléxions et leurs expériences pourtant riches et complémentaires. Un peu de frustration donc, mais l’énergie chaleureuse de Carole et l’érudition souriante de Frédéric Obringer nous ont permis de passer au final un bon moment. Quelques extraits.
Comment définir le Feng-Shui ?
FO. Les chinois sont bien moins attachés que nous aux définitions ! On peut commencer par donner la signification du terme Feng-Shui, qui est relativement récent : Vent et Eau. L’eau est d’une grande importance pour les chinois qui sont d’abord des paysans. La maitrise de l’eau (fleuves, irrigation des rizières) sont au cœur de la vie quotidienne. On peut ensuite rappeler l’importance majeure en Chine de la dimension divinatoire qui imprègne la pensée chinoise (cf : le Yi-Jing)- s’agissant des racines du Feng-shui, dès l’antiquité on a cherché à prédire la chance en observant le paysage. On peut enfin rappeler l’importance des ancêtres dans la culture chinoise : Au départ, le Feng-Shui, consistait d’abord à trouver le meilleur endroit pour les tombes des ancêtres, ensuite seulement, on s’est intéressé aux lieux de vie.
CB. Le Feng-shui implique de placer l’homme au centre d’un univers qui est lui-même un mariage harmonieux entre micro et macrocosme, et ce en s’appuyant sur les éléments naturels. L’homme s’applique à vivre en harmonie avec son environnement, sans trop en déranger les énergies.
FO. Il faut bien se souvenir de l’importance de la trinité ciel/homme/terre. Se souvenir également que pour les chinois, tout est corrélations, correspondances et analogies. Une action a toujours des répercussions, tout se répond et tout est signe et fait sens.
Le Feng-Shui, une superstition ?
FO : le terme de superstition existe depuis le XVIII et les chinois ne l’emploient que depuis un siècle. Sous Mao, les maitres Feng-Shui ont été chassés de Chine.(…) aujourd’hui, une étude montre que 40% des chinois « croient » au Feng-Shui.
CB. Au début, c’est vrai j’ai considéré le Feng-shui comme tel, mais ensuite j’ai testé et constaté les résultats. Bien sur, il existe une dimension symbolique qui relève en partie du folklore et de la superstition, mais il ne faut pas se laisser tyranniser par cela (ndlr : voir mon post sur ce point).
L’énergie dans le Feng-Shui ?
CB : Nous sommes tous faits d’énergie, et bénéficions par ailleurs de l’énergie de notre environnement. Qu’on l’appel Prana, souffle ou énergie, c’est toujours le même phénomène qui est désigné à travers les cultures. En Feng-shui, cette énergie rejoint une dimension astrologique : en fonction de son orientation et de sa date de construction une demeure va capturer des énergies particulières, chaque lieu possède ainsi son « thème natal » énergétique. L’espace comme le temps sont générateurs d’énergies toujours particulières.
FO : l’énergie, le « Chi » à l’origine désigne pour les chinois la vapeur qui s’échappe du plat de riz en train de cuire. Au-delà, l’énergie vitale, est un prinicpe qu’on retrouve dans toute la pensée et la vie quotidienne chinoises en particulier en médecine. L’eau retient l’énergie tandis que le vent la disperse = c’est peut-être ici que nait l’expression de Feng-Shui. les explications sont multiples.
Les écoles de Feng-shui ?
CB : en effet, il existe de nombreuses écoles, la plus ancienne étant celle qui étudie la forme du paysage. Les écoles dites de la boussole s’appuient sur les orientations et emplacements des maisons et considèrent le facteur temps. Aujourd’hui, les maitres Feng-Shui intègrent, pour la plupart, les apports et les formules des différentes méthodes.
Feng-Shui et médecine traditionnelle chinoise ?
FO : On dit souvent que le Feng-Shui est une forme d’acupuncture de la terre, basé sur l’étude des flux d’énergie à la surface de la terre et leur circulation dans le paysage jusqu’au habitations. La MTC et le Feng-Shui s’appuie sur une cosmogonie semblable, celle des 5 éléments (terre, métal, eau, bois et Feu) – chaque élement est associé à un organe, une émotion, une direction, etc. tout est toujours en correspondance...
Feng-Shui et villes modernes ?
CB : même si le Feng-Shui trouve son origine dans les campagnes chinoises, il a su s’adapter aux grands ensemble urbains. Pour moi ce qui fait la modernité du Feng-Shui, c’est avant tout son efficacité. Il est vrai par ailleurs, qu’il fait écho, aussi ancien soit-il, à un souci actuel de bien-être, de mieux habiter dans son environnement.
FO : des villes telles que Hong-Kong sont entièrement conçues selon les règles du Feng-Shui. En Chine, les dirigeants des grandes entreprises ont leurs maitres Feng-Shui qui supervisent la construction de nouvelles tours.
Le déroulement d’une consultation Feng-Shui?
CB : je demande d’abord les plans du lieu sur lequel je travaille au préalable. Je consulte également les plan de la ville ou des alentours. J’effectue ensuite une visite d’une demi journée sur place avant de formuler les recommandations.
